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au détour d'un virage la petite route débouche bientôt sur le bord de la falaise, en contrebas s'étale la baie de Kyle of Durness : nature sauvage et landes désolées, soudain le regard s'égare, hypnotique, fasciné. Nuages inquiétants, lochs mythiques sombres et profonds ceinturés d'un chaos minéral, montagnes ravinées couronnées de la brume matinale, pentes semées de rocailles mauves finissant en tapis dans les tourbières, la terre des Highlands imprime dans la conscience du voyageur un souvenir profond, un sentiment diffus de sérénité.
Ici les entrailles de la terre plongent dans l'océan, l'océan poussé par le vent du large jaillit dans le ciel, le ciel écrasant de majesté vient embrasser la terre. Ici le moi se perd et fusionne avec les éléments dans le ballet somptueux de l'ombre et de la lumière.
Les clans qui ici jadis s'affrontaient ont cédés à leur fils, devenus fermiers, l'amour d'une terre ingrate dont ils ont naguère été dépouillés.
Approches voyageur, écoutes le vent mugissant emplir la poitrine du sonneur de cornemuse, c'est le cœur de l'Ecosse qui se gonfle.
Ce matin, comme tous les matins, les biches sont venues brouter dans le jardin de l'Auberge. Ce soir dans le bassin du port, les phoques gris viendront saluer les marins, les mouettes escorteront le ferry en partance pour les îles Lewis et Harris…
Difficile en quelques lignes de résumer ce voyage car cela oblige à trier les souvenirs, parfois les tronquer, souvent leur être infidèle. Je vais m'efforcer à travers ce texte de vous faire partager un peu de mon parcours dans ce bout d'Écosse.
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